«Je n’ai jamais cessé d’apprendre !»

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Animée par le mystère de l’investigation et la satisfaction de la découverte, Dominique Armand est archéozoologue, spécialiste reconnue des ours, et gestionnaire de collections. Elle a passé la plus grande partie de sa vie professionnelle à l’université de Bordeaux. Retour sur une carrière foisonnante.

Photo : Dominique Armand © Gautier Dufau.jpg
Dominique Armand © Gautier Dufau.jpg

« Alors que je visitais la grotte ornée de Font-de-Gaume aux Eyzies lorsque j’étais enfant, j’ai eu un choc face à ces figurations peintes sur les parois. C’était comme un rêve… » se souvient Dominique Armand. « Mes parents étaient tous deux instituteurs en Dordogne, j’avais une ouverture à la culture en général et une passion pour la Préhistoire en particulier. Cette humanité si lointaine n’a jamais cessé de me fasciner… » poursuit -elle. Après un bac scientifique, Dominique Armand entreprend des études de géologie à l’université de Bordeaux, pour mieux arriver à un DEA de Préhistoire axé sur la période Paléolithique, qu’elle obtient en 1985.  « Mon rêve devient réalité, je découvre les fouilles sur le terrain et la satisfaction merveilleuse de creuser la terre pour y trouver des ossements, des outils en silex et des pendeloques (dents et os percés). En parallèle je travaillais avec des musées en tant que conseillère scientifique et conférencière » raconte-t-elle.
 

Plonger dans le passé

En 1993, Dominique Armand candidate à un poste de chargé de collections pour le laboratoire PACEA (De la Préhistoire à l’actuelle : culture environnement et anthropologie) à l’université de Bordeaux, une opportunité qui correspond bien à ses compétences et aspirations. « Ma mission consiste à gérer et à valoriser les collections du laboratoire, incluant leur inventaire, leur conservation, et leur mise à disposition aux chercheurs, aux étudiants et à des extérieurs. C’est également moi qui organise les emprunts et prêts des collections aux musées et je contribue également à la conception d’expositions. Je participe aussi à de nombreuses actions de médiation scientifique et de diffusion des connaissances » explique l’archéozoologue, qui précise que ces collections représentent un fond patrimonial d’objets d’une valeur exceptionnelle pour une université.

Essentiellement composés de silex et d’ossements d’animaux paléolithiques, d’ossements modernes (de mammifères, oiseaux, reptiles) et de moulages constituant une très belle collection d’anatomie comparée, ces quelques 500 000 «objets» sont répartis dans plus de 2 000 bacs ou tiroirs. Un ensemble spectaculaire à observer mais surtout un outil précieux au sein du laboratoire. Avec d’autres collègues, elle fait également partie du Comité technique des collections de l’université de Bordeaux afin de contribuer à valoriser ce patrimoine scientifique exceptionnel par des actions communes de médiation.
 

  • Collections d’anthropologie biologique

    La laboratoire PACEA dispose d'une vaste ostéothèque humaine, d'origines géographiques et chrono-culturelles variées, qui documentent les caractéristiques biologiques des populations du passé. En outre, une importante collection de sépultures paléolithiques et de moulages de pièces fossiles illustrent les étapes de l'évolution humaine.

Des ours… et des hommes 

Animée par le mystère de l’investigation et la satisfaction de la découverte, Dominique Armand est aussi une chercheuse passionnée et pointue. « J’étudie la faune et je participe à des chantiers de fouille des sites préhistoriques, plus particulièrement en Charente, Dordogne ou dans les Pyrénées atlantiques. Certains de ces projets ont été mené en collaboration avec des spécialistes américains. L’archéozoologie s’intéresse aux nombreux aspects de la relation entre les hommes et les animaux : techniques de chasse et de boucherie, domestication, choix alimentaires, etc. Ainsi, l’analyse des ossements nous permet de mieux comprendre les activités humaines » développe-t-elle.

En 2002, on lui apporte les restes fauniques découverts dans la grotte ornées de Font-de-Gaume, (celle-la même qui est à l’origine de sa vocation…) et les ossements d’ours portent des traces de silex. Intriguée, elle pousse ses investigations, cherche ailleurs et trouve d’autres traces. « Cela émet l’hypothèse que ces carnivores ont pu être chassés et mangés par les hommes. Or, à l’époque, on ne l’avait pas vraiment  envisagé et on s’intéressait essentiellement à l’exploitation des herbivores. J’ai persévéré dans mes recherches et j’ai contribué, à mettre cette idée en lumière. Nos travaux ont été inédits et passionnants » raconte Dominique Armand. Insatiable, la chercheuse s’intéresse par la même occasion à la symbolique de l’ours en période historique, animal à la fois diabolisé par l’Eglise mais qui aurait des vertus médicinales, le « double de l’Homme » dans tout l’hémisphère nord…. Tant et si bien qu’elle est devenue au fil des années une spécialiste reconnue dans ce domaine.

Mes activités au sein de l’université de Bordeaux ont été vastes, diverses, passionnantes et valorisantes !

« Ma carrière au sein du laboratoire PACEA et de l’université de Bordeaux a été vraiment très riche. J’ai aimé chercher, valoriser, découvrir, transmettre, voyager ; accompagner et encadrer les étudiants de master dans leurs travaux. Le contact permanant avec les jeunes, c’est une chance. J’ai aimé toutes ces rencontres dont certaines ont été aussi improbables que marquantes…» conclut-elle.

Dominique Armand partira à la retraite en mai prochain. Elle poursuivra sa route dans son Périgord natal en continuant inlassablement, au détour de ses chemins, à transmettre et à partager son savoir et sa passion de la Préhistoire. 

Master Archéologie, sciences pour l'archéologie du laboratoire PACEA

  • Trois parcours (Anthropologie biologique, Archéothanatologie, et Préhistoire / géoarchéologie / archéozoologie)
  • Formation à la recherche de haut niveau en Anthropologie biologique (ostéologie humaine, paléoanthropologie, paléobiologie, paléogénétique, archéo-anthropologie funéraire) et en Préhistoire (géoarchéologie, archéozoologie, technologie, arts et cultures préhistoriques, paléontologie).
  • Formation à la recherche par la recherche (master Archéologie, sciences pour l'archéologie et Doctorat en Préhistoire et Anthropologie biologique

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