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Visiting Scholars : «Un changement de perspective nécessaire»

Mise à jour le :

Anne Collins est professeur associée à l’université de Berkeley, en Californie. Chercheuse renommée en neurosciences cognitives computationnelles, elle effectue une mobilité de six mois à l'université de Bordeaux au sein des équipes «Flowers» dirigée par Pierre-Yves Oudeyer (Inria) et «Mnemosyne» dirigée par Frederic Alexandre (Institut des maladies neurodégénératives - IMN). Elle témoigne.

Photo : © Anne Collins
© Anne Collins

En quoi consiste votre recherche ? 

Mon laboratoire étudie les multiples processus neuro-cognitifs qui contribuent à l'apprentissage, à la prise de décision et aux fonctions exécutives. En d’autres termes, nous essayons de comprendre le mécanisme d’apprentissage des humains, leur capacité particulièrement efficace et flexible d’apprendre et de s’adapter à de nouvelles situations en comparaison à d’autres espèces.

Nous récoltons des données via des expériences qui ressemblent à des jeux informatiques puis nous analysons les choix faits par les participants et essayons de les expliquer via des modèles computationnels. Bien entendu un lien est fait avec le cerveau afin de comprendre comment il traite des informations pour prendre une décision. 

Quels sont vos liens ou vos complémentarités avec les deux équipes d’accueil ?  

L’équipe Flowers dirigée par Pierre-Yves Oudeyer fait de la recherche en robotique développementale et sociale. Ils essayent de concevoir des robots capables d'apprendre des choses nouvelles sur le long terme, sans l'intervention d'un ingénieur. Une intelligence artificielle doit connaître son but, c’est une condition de base. L'équipe essaye de créer des algorithmes qui pourraient lui permettre de décider librement de son but. Cependant cette question, "comment décide-t-on de son objectif", n’est pas très bien comprise chez les humains. Nous consacrons une grande partie de notre temps à des activités qui n’ont aucune réelle récompense à la fin et qui n’ont aucune utilité biologiquement parlant. On voudrait voir si les algorithmes créés pour une IA pourraient être utiles pour comprendre le comportement humain.

En parallèle, j’ai fait la connaissance de Frédéric Alexandre, qui dirige l’équipe Mnemosyne. Les chercheurs et chercheuses tentent de comprendre comment le cerveau réalise ses fonctions et proposent des modèles neuronaux qui peuvent contribuer à des agents artificiels plus intelligents. Ils travaillent sur plusieurs thématiques, y compris les modélisations de la prise de décision et du codage de la récompense. Donc nos sujets de recherche sont adjacents, voire complémentaires.  

Comment s’est déroulée votre mobilité ? 

Je voulais venir en congé sabbatique en France pour renouer avec mes origines. L’appel à candidatures du programme Visiting Scholars tombait au bon moment pour vivre des opportunités de collaboration. Avec mes confrères bordelais, nous avons soumis une publication conjointe le mois dernier, nous attendons les retours. J’ai également proposé plusieurs séminaires et conférences.

On pense toujours que la science est globale, mais la façon d’aborder des problématiques est toujours influencée par son entourage immédiat. C’est un effet de réseau. J’ai essayé de m’ouvrir à d’autres perspectives et de partager la mienne. Mon domaine de recherche a beaucoup évolué en France depuis mon expatriation aux États-Unis. J’ai été ravie de découvrir toutes ces équipes et leur travail. Un bilan résolument positif !  

Le programme Visiting Scholars : professeurs et chercheurs invités

Objectifs : structurer des relations internationales pérennes en recherche et/ou en formation entre l’université de Bordeaux et des institutions à l’étranger ; permettre aux laboratoires et aux départements de recherche, ainsi qu’aux doctorants et aux étudiants de l’université, de bénéficier de la présence d’universitaires ayant une carrière internationale reconnue et/ou une grande expertise. 

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