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Formation aux transitions : ça commence dès maintenant !

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Après de longs mois de travail au sein de ses différentes composantes de formation, comme requis par le rapport Jouzel et une circulaire ministérielle, l’université de Bordeaux a mis au point un module d’« introduction aux enjeux des transitions environnementales et sociétales » destiné à tous les étudiantes et étudiants de licence. Cet enseignement débute dès maintenant au sein des collèges Sciences et technologies et Santé, et dans trois unités de formation du collège Sciences de l’Homme.

Photo : Au sein du collège de formation Sciences et technologies, les cours du nouveau module sur les transitions environnementales et sociétales auront lieu en présentiel © université de Bordeaux
Au sein du collège de formation Sciences et technologies, les cours du nouveau module sur les transitions environnementales et sociétales auront lieu en présentiel © université de Bordeaux

Si, à l’université de Bordeaux, les maquettes de formation évoluent en permanence, il est toutefois exceptionnel qu’elles doivent intégrer un tout nouveau module en à peine plus d'un an. C’est pourtant le défi qu’ont relevé plusieurs équipes d’enseignants pour respecter les attendus de la circulaire ministérielle imposant dès 2025 un nouveau module-socle transdisciplinaire d’introduction aux enjeux de transitions, allant même au-delà, puisque l’université a décidé qu’un second module, disciplinaire celui-là, prolongerait et préciserait les enseignements du premier - chacun de ces modules représentant 30h de formation et étant sanctionné par 3 crédits ECTS.  Au sein du collège des Sciences de l’Homme, la professeure de psychologie de la santé Michèle Koleck a « pris le train en marche » il y a un an pour aider au déploiement de ce nouvel enseignement destiné aux étudiants de licence

Bonheur et avenir désirable

« J’admire beaucoup le travail accompli par mes collègues ; c’était un challenge énorme de créer ces contenus pédagogiques adaptés à tous les étudiants de licence, quel que soit leur cursus ». Le scénario pédagogique retenu se déroule sur neuf séances abordant des thèmes aussi variés que le climat, la biodiversité, les pollutions environnementales, les énergies, l’évolution des sociétés ou la santé globale. Les deux dernières séances seront dédiées à une « vision systémique des transitions » et à la recherche de « solutions pour un avenir désirable ». Des études de cas pourront compléter ces apprentissages avec pour support les villes de Bordeaux, Agen ou Périgueux, les écosystèmes particuliers du Bassin d’Arcachon, de la forêt ou de la vigne… Enfin, la notion de bonheur en constitue le fil conducteur, comme en réponse à l’éco-anxiété et les troubles de santé mentale déclarés par de nombreux étudiantes et étudiants.

« Il s’est avéré très compliqué, dans certaines unités de formation, de proposer ce module en présentiel », regrette Michèle Koleck. Au sein de son collège Sciences de l’Homme, ce sont les formations de STAPS, sociologie et sciences de l’éducation qui se lancent en premier, débutant les cours dès ce mois de janvier, en distanciel donc. Le collège Santé est également prêt pour délivrer cet enseignement aux plus de 3000 étudiantes et étudiants du Parcours d'accès spécifique santé (PASS). Jonathan Visentin, enseignant-chercheur en immunologie et praticien hospitalier, s’était penché sur la question des transitions dès la publication du rapport Jouzel, en 2022 : « les professionnels de santé ont un rôle clé à jouer dans les transitions, car le changement climatique, les pollutions, la baisse de la biodiversité, tous ces paramètres ont forcément des conséquences sur la santé humaine. Par ailleurs, le secteur de la santé doit remettre en question ses pratiques, étant donné son propre impact environnemental, que le Shift Project estime à 8% de l’empreinte carbone globale de la France. »

Réfléchir à nos modes de vie

Prévention, adaptation, compréhension du concept de santé globale, évolution des pratiques : tous ces points seront abordés dans la séance 7 de cette introduction aux transitions. Jonathan se félicite de cet éclairage apporté à des futurs soignants (qui creuseront ensuite le sujet avec le module 2 disciplinaire), mais aussi à tous les autres étudiantes et étudiants ainsi sensibilisés au fait que « dans les pays à revenu élevé, plus de 90% des décès sont liées à des pathologies associées à nos modes de vie : exposition aux pesticides, pollutions, alimentation trop grasse et trop sucrée, manque d’exercice… Si on change notre façon de vivre, on générera beaucoup moins de problématiques de santé. Le meilleur patient, c’est celui qui n’est pas malade. » 

Au sein du collège Sciences et technologies - le seul, pour l’instant, à proposer ce module « transitions » en présentiel -, les cours débuteront au mois de février. Nicolas Berger, enseignant en écoconception, interviendra devant les étudiantes et les étudiants. Comme ses collègues impliqués dans la création de ce nouvel enseignement, il est très motivé par l’idée de transmettre une vision systémique des enjeux de transitions environnementales et sociétales. « Ces cours ne seront pas des à-côtés de l’enseignement principal, du cœur de métier auquel se forment les étudiants ; on pourrait comparer avec l’enseignement de l’anglais dans les années 70/80, quand certains responsables pédagogiques le trouvaient superflu dans leur cursus mais ont fini par faire de la place à ce qui nous semble, désormais, incontournable. » Nicolas souligne toutefois une différence majeure avec cette précédente « révolution » pédagogique : « l’anglais n’était pas pleinement intégré dans une vision globale du cursus. À l’université de Bordeaux, les transitions ne seront pas « placardisées », mais bel et bien un pilier de chaque parcours pédagogique. »

Écouter la nouvelle génération

À l’orée du lancement de cette nouvelle unité d’enseignement, Michèle Koleck s’avoue impatiente de découvrir les réactions des étudiantes et étudiants : « la nouvelle génération, du moins celle que je côtoie, a déjà été sensibilisée au collège et au lycée et m’apparaît très soucieuse de faire évoluer les choses sur le plan environnemental et sociétal. Il me semble qu’en introduisant ce module en licence, nous leur envoyons le signal qu’on va les aider, les soutenir dans cette démarche, qu’on est avec eux. » Et avec sincérité : « ce n’est pas du bricolage, pas de l’habillage avec une étiquette « transitions » posée sur un contenu mal ficelé. Les chantiers ont impliqué des dizaines d’enseignants et d’ingénieurs pédagogiques ; toutes sortes de ressources, au format très varié, ont été analysées avant d’être éventuellement intégrées. Et la perspective du déploiement, à partir de l’an prochain, d’un deuxième module disciplinaire nous permet d’espérer être vraiment à la hauteur de ces enjeux à l’université de Bordeaux. »

  • Enseigner les transitions

    Former les étudiants et étudiantes aux transitions environnementales et sociétales est un enjeu central pour l’université de Bordeaux. Elle s'engage à leur offrir un bagage théorique et pratique pour leur permettre d’agir en tant que citoyens et futurs professionnels.