Cette promenade, nécessairement partielle et subjective, s’arrête sur 10 projets emblématiques de la transformation des campus universitaire : la mise en place du photovoltaïque et la création d’un plateau administratif dans le bâtiment A32 sur le campus Peixotto, les aménagement extérieurs du campus Bordes, le bâtiment SMART sur le Campus Rocquencourt, la nouvelle bibliothèque universitaire droit lettres (BUDL) sur le campus Montesquieu à Pessac, le nouveau pôle de vie de campus et le bâtiment bâtiment Bordeaux Biologie Santé (BBS) sur le campus Carreire, la réhabilitation et l’extension des locaux universitaires sur le campus Périgueux, ou encore l’ouverture de Station Marne sur le campus Victoire.

Pour nous guider, le témoignage d’une des actrices principales de la métamorphose des espaces universitaires, Annie Cohen, directrice générale des services adjointe, déléguée au pôle Patrimoine et environnement de l’université de Bordeaux.

    

« Dix ans , c’est le temps qu’il a fallu pour transformer les campus bordelais »

Vous avez suivi de près la métamorphose des campus bordelais ces dix dernières années. Pouvez-vous nous rappeler le contexte et l’ambition de ce projet ?

Annie Cohen : Tout a commencé en 2008 avec l’Opération Campus, un appel à projets initié par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. L’objectif était clair : redonner aux universités françaises une attractivité à l’échelle européenne tout en répondant à l’urgence immobilière. Ambitieux, le projet bordelais mené par l’université de Bordeaux en partenariat avec Bordeaux Montaigne, Bordeaux INP, Sciences Po Bordeaux, et bien d’autres partenaires locaux et régionaux a fait partie des six premiers sites retenus. Estimé à 450 millions d’euros, l’Opération Campus Bordeaux visait à réhabiliter ou reconstruire 180 000 m² de bâtiments universitaires et à requalifier des espaces extérieurs publics dans le but de favoriser une ouverture toujours plus grande sur la ville. Rassembler les communautés de même domaine scientifique et pédagogique, améliorer le confort des étudiants, des personnels et des enseignants-chercheurs grâce à des infrastructures modernes et adaptées, tout en réduisant l’empreinte environnementale du parc immobilier et en favorisant les mobilités douces étaient le coeur de ce vaste projet.

Campus Peixotto

Quels ont été les moments clés de cette transformation ?

A. C. : Nous avons travaillé en trois grandes phases successives. Les travaux ont débuté dès 2013 sur le secteur Sciences & Technologies du domaine universitaire, puis ont continué sur celui de la santé à Carreire et enfin sur l’ensemble des secteurs Montaigne-Montesquieu à Pessac et Victoire à Bordeaux Centre. Depuis, les travaux n’ont jamais cessé ! Il aura fallu ainsi 10 ans pour transformer les campus bordelais. Des bâtiments comme les pôles de vie de Carreire et Marne, ou encore les bâtiments d’enseignement et de recherche H et SMART ont vu le jour. Des bâtiments existants, comme la bibliothèque universitaire de Droit-Lettres à Pessac ont été transformés et des espaces publics totalement réaménagés, à l’instar de la cours Leyteire à la Victoire et des pistes cyclables qui traversent les campus de Talence, Pessac et Carreire.

L’aspect énergétique a aussi été au cœur de nos priorités. Grâce au soutien du plan France Relance lancé par l’Etat en 2021, une enveloppe budgétaire de 51 M€ est venue compléter l’offre de l’Opération campus pour financer 31 autres projets principalement dédiés à la rénovation énergétique de bâtiments et au déploiement d’installations photovoltaïques.    

Aujourd’hui, quels sont les nouveaux enjeux pour les campus de l’université de Bordeaux ?

A. C. : L’Opération campus n’aura concerné qu’1/3 du parc immobilier. Nous souhaitons poursuivre à l’avenir cette transformation des campus en portant plus largement qu’il y a 10 ans les enjeux de transitions environnementales et sociétales, soutenus en cela par l’Institut des transitions créé en janvier 2023.

À titre d’exemple, parmi les projets les plus emblématiques et structurants pour les années à venir figure celui relatif à la constitution d’un groupement d'intérêt public (GIP) réunissant nos partenaires de l'enseignement supérieur et de la recherche ainsi que le CROUS, avec pour objectif de développer, d’exploiter et d’optimiser les infrastructures énergétiques sur le domaine universitaire. Ce GIP aura ainsi pour première mission de créer et d’exploiter un réseau de chaleur universitaire pour produire et distribuer sur le campus une énergie la plus décarbonée possible.

Les transformations à venir devront également intégrer les enjeux de sobriété et d’adaptation de nos infrastructures aux nouvelles habitudes de travail post-crise sanitaire. Nous travaillons et expérimentons ainsi depuis quelques années des solutions innovantes moins consommatrices de mètres carrés, privilégiant des espaces à l’architecture modulable capable d’offrir une plus grande diversité d’usages.

L’autre ambition majeure pour les années à venir sera d’insuffler plus de vie sur les campus. En effet, devenue durant cette période propriétaire d’un patrimoine foncier et immobilier particulièrement riche et attractif, l’université souhaite poursuivre la transformation de ses campus en fabriquant de la ville durable. L’objectif est de faire en sorte que ces campus deviennent des « morceaux de ville » et des « territoires d’innovation urbaine ».   

Campus Montesquieu

Le bâtiment H

Comment voyez-vous les campus bordelais dans dix ans ?

A. C. : En 10 ans, nous avons réussi à élargir notre champ d’actions au service de la remise à niveau de nos campus. Dans 10 ans, ces mêmes campus auront encore un autre visage. Je les imagine comme des lieux de vie vibrants, respectueux de l’environnement, offrant à chaque personnel et à chaque étudiante ou étudiant les moyens de s’épanouir tant sur le plan académique que personnel. Des campus qui ne cessent d’innover pour s’adapter aux défis sociétaux de demain.   

Campus Carreire

Campus Victoire

Campus Périgord