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Visiting Scholars : «Être au plus proche du terrain»

Mise à jour le :

Valérie Langlois, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique au Canada, vint d'effectuer une mobilité au sein du laboratoire EPOC*, encadrée par Magalie Baudrimont (équipe « Ecotoxicologie aquatique »). Titulaire de la chaire de recherche de niveau 1 en écotoxicologie et perturbation endocrinienne, ses travaux de recherche visent à comprendre les effets de la pollution sur la santé des animaux et des écosystèmes.

Photo : © Valérie Langlois
© Valérie Langlois

Pourquoi avoir candidaté au programme Visiting Scholars ? 

L’objectif est de continuer à travailler sur la présence des nano plastiques dans le sel marin. Nous souhaitons établir le niveau de pollution plastique dans le sel récolté sur l’île de Ré, qui est représentatif de la pollution de la côte ouest, et voir les effets de cette pollution sur la santé des animaux. Pour ce faire, nous souhaitons mettre en place de nouveaux outils de mesure basés sur les ADN et ARN environnementaux.

Nous souhaitons également comparer la toxicité des nano plastiques extraits du sel marin, qui avait interagi avec l’environnement, avec les polymères en provenance direct du fabriquant et les polymères biosourcés, qui sont sensés se dégrader rapidement après utilisation.

En qui consistent les techniques des ADN et ARN environnementaux ? 

Ce sont des outils de recherche non-invasifs formidables qui fournissent une mine d’informations. En prenant un verre d’eau, on peut répertorier toutes les espèces qui habitent dans une étendue d’eau et aux alentours grâce au séquençage de l’ADN environnemental. Tous les organismes vivants rejettent de la matière organique porteuse de l’ADN dans leur environnement. L’ADN est tellement persistant et unique que l’on peut avoir un aperçu global d’un écosystème. 

Cependant cette technique a ses limites. Par exemple on ne peut pas faire la distinction entre l’ADN d’un individu mort et vivant ou savoir s’il était de passage en laissant son ADN. En revanche, l’ARN environnemental, qui est au fait un petit segment d’ADN, est produit seulement si l’animal est vivant et il ne reste pas longtemps dans l’écosystème.

L’ADN peut aussi donner un aperçu sur l’état de santé d’un individu. Donc, nous sommes en train de préparer les outils pour pouvoir faire un bilan santé des huîtres canadiennes et françaises.

Il me semble très important qu’un projet de recherche soit construit avec la participation active de la communauté concernée. C’est ce que je conseillerai à tous mes collègues si leur projet le leur permet. 

Quelles sont les principaux freins dans votre recherche ? 

C’est le manque d’experts dans la quantification des nano plastiques. On investit pour les former mais cela demande du temps. Les quelques rares spécimens, dont un à Bordeaux, sont sursollicités et les travaux de recherche prennent du retard. 

Vous écrivez également les livres pour enfants sur ces sujets ?

En effet, j’ai fait imprimer 2000 exemplaires de mes livres grâce au financement public canadien pour qu’ils puissent être distribués gratuitement aux enfants. Récemment j’ai été contactée par une maison d’édition qui souhaite publier mes deux livres sur le plastique et l’ADN environnemental. Ils seront publiés en mars 2025 en anglais et en français.  

Qu’avez-vous apprécié le plus dans cette mobilité ?

Le contact direct avec les saliculteurs de l’île de Ré. Cet échange a été très enrichissant et a permis de bien poser les questions de recherche. Je remercie beaucoup l’université de Bordeaux pour cette opportunité très enrichissante ! 

Le plastique est le matériau le plus utilisé dans notre vie quotidienne. En 2019 son utilisation globale était estimée à 460 millions de tonnes métriques et devrait tripler d’ici 2060. Une grande partie de ces produits ont une durée de vie très courte compris entre quelques minutes et quelques heures. Pourtant seulement 9% de ces déchets sont recyclés actuellement. Le plastique est devenu un des majeurs problèmes pour l’environnement et les écosystèmes. A part la pollution visible à l’œil nu, les chercheurs nous avertissent contre les dangers des micros et des nano-plastiques, ainsi que des produits chimiques associés (bisphénols, phtalates etc.).

  • Visiting Scholars : « Des collaborations internationales facilitées»

    Anne-Louise Ponsonby, épidémiologiste et médecin de santé publique, dirige le service de neuroépidémiologie de l'Institut Florey des neurosciences et de la santé mentale à l'Université de Melbourne en Australie. Elle effectue une mobilité de trois mois au sein de l’Institut des maladies neurodégénératives (IMN), dans le cadre du projet PsyCoMed* encadré par Marc Landry.

* Environnements et paléoenvironnements océaniques et continentaux. Les deux chercheuses travaillent ensemble dans le cadre du programme de bi-diplomation internationale MOBBIDIQ (mobilité bidiplômante internationale Bordeaux Québec) et co-supervisent les étudiants qui effectuent un stage pendant les deux années du parcours.