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Mise à jour le : 06/04/2023
Les technologies agricoles améliorées peuvent contribuer à l’amélioration du bien-être des populations. La question est de savoir si ces gains potentiels se font au détriment de l'environnement. Elle se pose vivement dans le bassin du Congo, menacé par la déforestation et abritant des populations fragiles.
Pour évaluer les effets environnementaux d’une politique gouvernementale de soutien à l’agriculture familiale, les chercheurs d’INRAE, de l’université de Bordeaux et de la Banque Mondiale ont conduit une étude expérimentale à grande échelle. Leurs résultats montrent que la promotion de variétés de semences modernes n'a pas conduit à une augmentation de la déforestation globale par les petits exploitants. Cependant, les agriculteurs ont déboisé plus de forêt primaire et moins de forêt secondaire. Ces résultats indiquent que, à moins d'être associées à des interventions visant à maintenir la fertilité des sols, les politiques de promotion des variétés de semences modernes peuvent se faire au prix d'importantes pertes de biodiversité.
L'augmentation de la productivité et des revenus des petits exploitants agricoles est souvent considérée comme un élément central de la lutte contre la pauvreté et la faim. À cette fin, d’importants investissements ont été réalisés dans la recherche agricole internationale et, en particulier, dans le développement, l'adaptation et la promotion de variétés de semences modernes en combinaison avec des engrais chimiques. Cette révolution verte a abouti à l’augmentation des rendements et de la production globale entre 1960 et 2000 en Asie et en Amérique latine, mais elle a moins bénéficié aux régions d’Afrique subsaharienne où la diffusion de variétés de semences modernes reste limitée à ce jour, et les rendements agricoles sont bien inférieurs à ceux d'autres régions.
Le « deuxième poumon » de la planète après l’Amazonie, la forêt du bassin du Congo représente l'une des principales réserves de biodiversité et le deuxième puits de carbone à l’échelle mondiale. C’est aussi une des régions les plus pauvres du monde, où une agriculture fragile constitue le principal moyen de subsistance. C’est dans ce contexte que Sylvie Lambert et Karen Macours, économistes à INRAE (unité PjSE) et leurs collègues Tanguy Bernard de l’université de Bordeaux et Margaux Vinez de la Banque Mondiale ont étudié un vaste programme gouvernemental qui a fourni des subventions pour des variétés de semences améliorées aux petits exploitants congolais.
Si l’effet positif de la diffusion des variétés de semences modernes sur le bien-être économique des populations est aujourd’hui prouvé, elle est aussi souvent considérée comme contribuant à la conservation des forêts. Cette question revêt une grande importance politique étant donné que le changement d'affectation des sols est la deuxième source d'émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine au niveau mondial, que les forêts tropicales abritent au moins deux tiers de la biodiversité mondiale et que l'expansion agricole est la principale cause de la déforestation tropicale et de la perte de biodiversité. L'impact de l'introduction de technologies d'amélioration du rendement sur la déforestation dans une zone donnée est toutefois ambigu, car dans certaines conditions du marché des intrants et du marché de travail, les agriculteurs peuvent être amenés à cultiver les sols les plus riches, ce qui peut entraîner une nouvelle conversion des terres et une nouvelle déforestation.
Pour éclairer cette question les chercheurs ont conduit un essai contrôlé randomisé pour étudier l'impact de la diffusion de variétés de semences modernes sur la déforestation en République démocratique du Congo (RDC). L’étude a été réalisée dans une zone reculée où les marchés des intrants et des produits sont faibles. Aucun engrais chimique n’est accessible pour les petits agriculteurs de la région. Elle a porté sur un programme de subventions pour des variétés de semences améliorées de riz (à cycle court), de maïs (à haut rendement), d'arachides (à haut rendement) et de manioc (résistant aux maladies).
Apparentés aux essais cliniques, utilisés en médecine depuis la fin les années 1940, les essais contrôlés randomisés sont une méthode d’évaluation d’impact mobilisée par le champ des sciences économiques pour évaluer l’efficacité des politiques publiques. Cette méthode s’appuie sur le tirage au sort pour former des groupes semblables, dont l’un jouera le rôle de « contrôle » afin d’être comparé au(x) groupe(s) test(s), à qui sera distribué le « traitement » dont on souhaite mesurer l’effet1.
1 D’après Jatteau A., 2019, https://doi.org/10.4000/philosophiascientiae.1933
Une des contributions de cette étude est de montrer l'importance de distinguer la déforestation de la forêt primaire de celle de la forêt secondaire. Suivant les définitions internationales, une forêt primaire est une forêt sans traces observables de culture et une forêt secondaire est une repousse plus récente sur un terrain qui a été cultivé auparavant. La distinction entre ces deux types de forêt est pertinente car la déforestation de la forêt primaire a des conséquences importantes sur le stockage du carbone et la biodiversité. Cette distinction est également pertinente pour la prise de décision par les agriculteurs. En effet, les agriculteurs savent que les céréales ont des besoins élevés en nutriments du sol. Ainsi, en absence d’engrais (minéraux ou organiques) et de pratiques de conservation des sols, les agriculteurs peuvent décider de cultiver les sols les plus fertiles pour y planter leurs céréales améliorées et donc de s'orienter vers la culture de terres déboisées de la forêt primaire, où les sols sont plus riches en azote. Par contre, dans les villages où les agriculteurs ont surtout eu accès à des semences de légumineuses qui peuvent fixer l’azote de l’air (essentiellement de l’arachide), le déboisement de la forêt primaire a été plus limité. Ainsi, le risque de déforestation de la forêt primaire est susceptible d'être sensible au type de semences utilisées.
En mobilisant des données sur la conversion des terres au niveau des parcelles, combinées à des données de télédétection, les chercheurs constatent que, dans l'ensemble, la promotion de variétés de semences modernes n'a pas entraîné d'augmentation de la demande de terres ni de la déforestation correspondante, mais qu'elle n'a pas non plus réduit les terres utilisées à des fins agricoles. Les résultats de cette recherche montrent également que la subvention des variétés de semences modernes a conduit à une augmentation de la déforestation de la forêt primaire par les ménages bénéficiaires. Les auteurs concluent qu’adoptées isolément les politiques de promotion des variétés de semences modernes risquent de se faire au prix d'importantes pertes de biodiversité. Ce travail contribue aux débats actuels sur les pratiques d'intensification durable qui visent à réduire les compromis entre productivité et environnement en s'éloignant des schémas associant l’utilisation de variétés améliorées et d'engrais minéraux pour adopter des réponses spécifiques au contexte, y compris des engrais organiques et des pratiques alternatives de gestion de la fertilité des sols. Si les décideurs politiques cherchent à atteindre un double objectif d'augmentation de la productivité et de préservation de la forêt primaire, l'accès accru aux variétés de semences modernes devrait être combiné à la promotion de technologies et de pratiques durables pour maintenir la fertilité des sols ou se concentrer sur les cultures qui sont moins exigeantes en termes de besoins en nutriments des sols.
Bernard, T., Lambert, S., Macours, K., & Vinez, M. (2023). Impact of small farmers' access to improved seeds and deforestation in DR Congo. Nature Communications, 14(1), 1603. https://doi.org/10.1038/s41467-023-37278-2