Formation
Choisir une formation
Alternance
Formations internationales
Formation professionnelle
Candidatures et inscriptions
S'inscrire à l'université
Suivre sa scolarité
Accompagnement et réussite des études
Étudiants à besoins spécifiques
Orientation et insertion professionnelle
Enrichir et valoriser son parcours
Recherche
Ambition scientifique
Grands programmes de recherche
Réseaux de Recherche Impulsion
Une recherche internationale
Science ouverte
Éthique de la recherche
Structures de recherche
Départements de recherche
Dynamiser ses recherches
Science et société
Collections scientifiques
Innovation
Ambition
Collaborations
LabCom
Ressources
Locaux d'entreprises
Campus
Découvrir les campus
Campus Victoire
Animation et vie des campus
Les associations
Organiser sa vie quotidienne
Les aides sociales et financières
Se restaurer
Citoyenneté étudiante & vivre ensemble
Culture
Sport
International
Ambition internationale
Venir à Bordeaux
Etudiants internationaux
Doctorants internationaux
Enseignants, chercheurs et personnels internationaux
Partir à l'étranger
Mobilité étudiante
Collaborer à l'international
Université
Nous découvrir
Notre histoire
Nos implantations
Notre stratégie
Projets institutionnels
Stratégie immobilière
Université étendue
Nos engagements
Transitions environnementales et sociétales
Organisation et fonctionnement
Composantes de formation
Direction générale des services
Conseils, commissions et comités et leurs délibérations
Documents réglementaires, administratifs et institutionnels
Élections
Travailler à l'université
Elles et ils font l'université de Bordeaux
Honoris Causa
Espace presse
Répertoire d'expertes et d'experts
Contenus les plus consultés
Termes de recherche les plus fréquents
Mise à jour le : 02/10/2023
Hydroxychloroquine, vaccins… le pharmacologue Mathieu Molimard s’est régulièrement exprimé dans la presse lors de la crise du Covid-19. Retour avec lui sur une période médiatique chargée.
Mathieu Molimard est professeur à l’université de Bordeaux et praticien hospitalier au CHU. Pharmacologue clinicien et pneumologue, chef du service de pharmacologie médicale au CHU, c’est dans un tout autre environnement qu’il a évolué tout au long de l’épidémie, celui des médias et du réseau social Twitter, devenu X.
Le samedi juste avant le premier confinement, j’échangeais avec deux collègues membres de la Société française de pharmacologie et thérapeutique (SFPT), les professeurs Jean-Luc Cracowski de Grenoble et Vincent Richard de Rouen. On sentait que les gens commençaient à paniquer, se posaient des questions concernant le fait d’arrêter leur traitement (corticoïdes, anti-inflammatoires…) à cause du virus. Donc nous avons créé, avec l’aide d’internes notamment ce qui nous paraissait le plus efficace à ce moment-là, une Foire aux questions (FAQ). Elle concernait les usages des médicaments dans le cadre de l’épidémie, était basée sur la littérature scientifique et les données que nous avions. Ce qui était important était notre crédibilité et de donner la réalité des faits. Puis la question de l’hydroxychloroquine est arrivée dans les médias, et vu que c’est dans mon champ de compétences, je m’y suis intéressé. Je m’aperçois assez vite, comme d’autres, que pharmacologiquement, il n’est pas possible que ce médicament soit efficace. Ayant commencé à relayer sur mon compte Twitter la FAQ et notamment nos conclusions sur l’hydroxychloroquine, le nombre de mes followers a augmenté de façon exponentielle et parmi eux des journalistes. J’ai commencé à être contacté par la chaîne LCI puis Europe 1. J’avais eu une première expérience en presse écrite, il y a plusieurs années, où j’avais trouvé que mes propos avaient été dénaturés donc je ne souhaitais plus trop répondre aux médias. Mais il était important de faire entendre un discours différent à un moment. J’ai tout de même pris conseil auprès d’un journaliste qui intervient dans une de nos formations. Il fallait que je reste dans mon domaine de compétences. Que le médicament, rien que le médicament, je le jure ! Et essayer de ne pas tomber dans de possibles questions pièges.
Je pense que nous avons un rôle sociétal en tant qu’universitaires et oui, les scientifiques doivent s’exprimer. Pour ne pas laisser la parole à la désinformation. On ne peut pas ne pas intervenir quand on a une compétence dans un domaine. Mais il ne faut pas oublier de caractériser des faits et non des personnes, surtout dans le cadre de cette épidémie.
Il faut aussi pouvoir s’entraîner et apprendre à communiquer dans les médias, car ce n’est pas un exercice facile. Je suis d’avis que les jeunes enseignants-chercheurs puissent être formés au début de leur carrière à ces questions. Moi, j’ai appris sur le tas même si j’ai pu participer à des sessions de média-training par la suite. J’ai créé un groupe communication à la SFPT de 24 membres où nous échangeons régulièrement et nous sommes plusieurs à pouvoir répondre aux journalistes.
Il y a par contre des effets indésirables à la médiatisation. Je reçois régulièrement des mails scandaleux d’insultes, ainsi que les personnes qui travaillent avec moi. J’ai été menacé de mort et j’ai dû porter plainte. On n’est pas formé non plus à se faire menacer de mort. Sur Twitter, je bloque très vite les comptes qui m’insultent. D’ailleurs si je ne peux plus le faire (du fait de l’arrêt possible de cette fonctionnalité, ndlr), je changerai de réseau social.
Début avril, on a pris connaissance d’une étude de l’IHU Marseille sur l’hydroxychloroquine présentée comme la plus grande faite sur 30 000 patients jusqu’en décembre 2021. Pourtant depuis le 27 mai 2020, les dispositions dérogatoires qui autorisaient la prescription de ce médicament contre le Covid-19 à l'hôpital, hors essais cliniques, ont été abrogées. De plus, l’ANSM* a refusé d’accorder une recommandation temporaire d’utilisation** en octobre 2020. Donc il n’était pas possible de l’utiliser de manière systématique pour tous les patients comme cela a été fait, hors du cadre de son autorisation de mise sur le marché (AMM) et des essais cliniques, depuis mai 2020. Les bras m’en sont tombés. Il était important de réagir. J’ai eu la chance dans mon cadre familial de connaître la résistante Lucie Aubrac qui avait cette formule : « ne pas accepter l’inacceptable ». J’ai consulté le président de la SFPT et nous avons décidé de publier une tribune dans le Monde, en demandant à différentes sociétés savantes si elles souhaitaient y être associées. La plupart ont accepté mais trois ont refusé par peur de représailles, de procès en diffamation. Je n’avais jamais connu un tel climat en recherche. Cette tribune est sortie le 28 mai 2023. Aujourd’hui, nous attendons de savoir ce qui va être fait. Quelles sont les conséquences ? Il nous parait indispensable notamment qu’il y ait un ménage dans les publications scientifiques. Que celles, comme cette étude de l’IHU, qui ne respectent pas les règles éthiques de la recherche et la sécurité des patients, soient retirées.
Non, je suis enseignant. Et enseigner, c’est la répétition ! Aujourd’hui ce qui change, c’est surtout la cible. Avant je m’exprimais devant les scientifiques, les étudiants et les patients. Aujourd’hui, c’est le grand public. Mais il faut bien sûr une appétence pour cela. Je n’aurais pas été enseignant si je ne l’avais pas. Par contre, je n’interviens que dans mon domaine de compétence, je ne donne pas mon avis s’il n’est pas question de médicament ou de pneumologie, ma formation médicale première. J’ai refusé de nombreuses interviews que ce soit sur les variants, l’évolution du virus, etc.
Oui, notamment au niveau de notre rôle à la Société française de pharmacologie et thérapeutique (SFPT). Je pense que nous n’avions pas perçu le rôle sociétal que nous pouvions avoir. Notre FAQ liée au Covid avec près de 200 questions/réponses a totalisé près de 4 millions de vues. Donc le travail du groupe appelé Pharmacofact créé au début de l’épidémie continue aujourd’hui dans d’autres domaines : la vaccination contre les infections à papillomavirus humains (HPV), l’augmentation de l’oxycodone dans la prise en charge de la douleur, les fluoroquinolones mis sur le devant de la scène médiatique par une association de patients ou encore le traitement de désensibilisation aux arachides… D’ailleurs je pense qu’il y a un manque de culture en général, d’éducation, de formation même dès l’école sur la santé publique. Un médicament est trop souvent considéré dans notre société comme un bien de consommation de tous les jours, un bonbon. Certains sont parfois dangereux, donc il faut toujours pouvoir évaluer le bénéfice/risque.
Je ne sais pas ce que veut dire le terme lanceur d’alerte. Je n’ai fait que mon métier et dénoncer une dérive inacceptable en recherche clinique. J’ai mis toute mon énergie pour dire stop et organiser une réaction des sociétés savantes pour alerter la presse et les autorités afin d’y mettre un terme. C’est ça la définition ?
* L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ** Une recommandation temporaire d’utilisation, autorise pour une durée maximale de trois ans, en l’absence d’alternative médicamenteuse autorisée, la prescription d’un médicament disposant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), dans une indication ou dans des conditions d’utilisation différentes de celles prévues par son AMM.