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Mise à jour le : 07/10/2024
Les chercheurs de l’université de Bordeaux se mobilisent à l’occasion de la Fête de la science pour accueillir des élèves de collèges et lycées dans leurs laboratoires et pour aller à leur rencontre quand ils sont trop éloignés de la capitale girondine. Un moment privilégié de découverte du monde de la recherche pour ces citoyens en devenir et - qui sait ? - scientifiques de demain.
Christelle Glangetas est toujours volontaire pour ouvrir les portes de son laboratoire aux plus jeunes. Cette postdoctorante au sein de l’Institut des maladies neurodégénératives (IMN - CNRS, université de Bordeaux), spécialiste des circuits du cerveau qui contrôlent les émotions, s’investit depuis des années dans des opérations de médiation scientifique : « Ça me tient à cœur d’expliquer l’importance de nos métiers et de susciter des vocations. Et je trouve que c’est notre devoir de contribuer à plus de transparence dans la recherche, qui est parfois critiquée. »
Vendredi 11 octobre, elle accueillera avec ses collègues une cinquantaine d’élèves des lycées Elie Faure de Lormont et Saint-Louis de Bordeaux, dans le cadre du Circuit scientifique copiloté par le CNRS et l'université de Bordeaux, sous la houlette de son équipe Science avec et pour la société (SAPS). Par le passé, Christelle a déjà participé à la Nuit de la Recherche à Cap Sciences ou à des sessions de « speed searching » face au grand public, et elle s’engagera bientôt aux côtés des Ambassadeurs Métiers de la Région Nouvelle-Aquitaine.
« J’aurais aimé, à leur âge, assister à ce type d’événements et poser des questions à des professionnels dont j’ignorais tout du métier. Cela donne des informations de première main sur les avantages et les inconvénients d’une profession. » Quant à elle, ce sont les aspects positifs qu’elle met en avant - « évidemment, puisque j’adore ce que je fais ! » - mais sans occulter les impératifs absolus, selon elle : « rigueur et patience. » Elle fait au passage tomber quelques idées reçues chez les jeunes qui imaginent un travail scientifique très solitaire alors qu’« il ne peut se faire qu’en équipe ». Et elle avoue savourer ces moments comme autant de parenthèses rafraîchissantes dans son quotidien de chercheure.
Emilie Pouget s’implique, elle aussi, dans le Circuit scientifique bordelais depuis huit ans. Cette directrice de recherche CNRS à l'Institut de chimie et biologie des membranes et des nanoobjets (CBMN – CNRS, Bordeaux INP, université de Bordeaux) est plus rarement en relation avec des jeunes, que ses confrères et consœurs enseignants-chercheurs. Elle apprécie donc la gymnastique intellectuelle qui consiste à expliquer le plus simplement possible les concepts pour le moins complexes qu’elle manipule quotidiennement dans ses recherches sur la « chiralité à l’échelle nanométrique : une propriété très particulière – en résumé, des choses qui ne sont pas symétriques. »
Le 8 octobre, son équipe va présenter trois ateliers à des élèves des lycées bordelais François Mauriac et Montaigne, l’un sur les cristaux, l’autre sur l’ADN et le troisième, justement, sur la chiralité. « Ils vont toucher des objets, faire pousser des cristaux, découvrir un diffractomètre et un microscope électronique, extraire de l’ADN ou encore faire du codage avec des legos… En général, ils sont un peu nonchalants au début, puis de plus en plus surpris et intéressés, et ils repartent vraiment très contents ! » Ces ateliers demandent beaucoup de travail en amont, avec l’espoir que les élèves apprendront « quelque chose de nouveau en sciences, dont ils parleront ensuite à table avec leur famille, ce qui contribue à diffuser la connaissance et à donner un éclairage sur notre métier, que beaucoup trouvent assez mystérieux. »
La Fête de la science se joue chaque année bien au-delà des laboratoires de recherche, jusque dans les territoires ruraux où les chercheurs partent à la rencontre des élèves au sein de leur établissement, ou dans une salle mise à disposition par une municipalité. Laëtitia Dalstein, enseignante-chercheuse en optique au Laboratoire Ondes et Matière d'Aquitaine (LOMA – CNRS, université de Bordeaux), se prépare à une intervention au collège La Roche Beaulieu en Dordogne le 11 octobre. Elle a imaginé un atelier très interactif où elle présentera aux collégiens trois objets (une bouteille d’eau, un modèle moléculaire de la molécule d’eau et un bâton photoluminescent) avant de leur demander de deviner sur quoi portent ses recherches – en l’occurrence les interactions entre l’eau et la lumière. « J’avais assisté à ce type de présentation quand j’étais moi-même collégienne et j’avais trouvé ça très chouette ; puis je suis passée de l’autre côté de la barrière en thèse, pour expliquer la recherche scientifique à des élèves un peu naïfs, très curieux, et cela m’a beaucoup plu. »
Laëtitia répond à leurs questions avec plaisir, y compris celles sur le déroulement de la carrière des enseignants-chercheurs, dont elle ne cache pas la précarité que beaucoup subissent. À cet égard, la patience et la persévérance sont de mises, aussi bien dans le laboratoire, au cours du processus de recherche, que dans les aléas administratifs du métier. Sa consœur Alexandra Doussot n’est, quant à elle, qu’au début de ce cheminement professionnel, doctorante en chimie organique à l’Institut des sciences moléculaires (ISM –CNRS, Bordeaux INP, université de Bordeaux). L’an dernier, elle est intervenue dans une école primaire à Pessac, pour expliquer les différents états de l’eau. Elle se souvient, attendrie, des enfants émerveillés à la vue d’un thermomètre descendant à -20°C.
Cette année, elle se rend à Villeneuve-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, pour parler à un public adulte (la Fête de la science ne s'adresse pas qu'aux jeunes) auprès duquel elle espère « démystifier et valoriser la chimie, qui est souvent associée à des a priori négatifs, en lien avec l’industrie pharmaceutique ; montrer que la chimie est partout dans notre quotidien sans qu’on s’en rende compte. » Les ateliers qu’elle a préparés avec ses collègues portent sur les polymères, les médicaments, le phénomène de fermentation ou encore la « chimie verte ». Des interventions courtes associées à des petites expérimentations. Cette fois-ci, la récompense ne sera pas une petite fille lui disant les yeux brillants « quand je serai grande, je voudrais être chercheure comme toi ». Mais elle aura la satisfaction d’avoir poussé son public à « se poser plus de questions, à avoir moins peur de la science et à savoir où trouver les bonnes informations. »
La Fête de la science est une manifestation populaire et gratuite qui célèbre les sciences, les techniques et les innovations sur l’ensemble du territoire. Elle s’adresse à tous les publics et contribue à favoriser le partage des savoirs entre les scientifiques et les citoyens.
À Bordeaux, orchestrée au sein de l'université de Bordeaux par son équipe Science avec et pour la société (SAPS), elle mobilise cette année une centaine de chercheuses et chercheurs dans les laboratoires du domaine universitaire, et une quarantaine se rendant à la rencontre du public dans toute la région Nouvelle-Aquitaine
saps%40u-bordeaux.fr