• Recherche
  • Campus

Le domaine universitaire de Bordeaux : site de premier choix pour étudier les mobilités

Mise à jour le :

Voitures, transports en commun, vélos … Avec tous ces modes de transport, le domaine universitaire constitue un terrain d’expérimentation complexe en matière de mobilités. Pour trouver des solutions au trafic toujours plus encombré, des scientifiques spécialistes du numérique construisent une cartographie globale des déplacements sur cette zone géographique étendue.

Photo : Les enjeux de mobilité sur le domaine universitaire ont plusieurs facettes © Julie Bruhier
Les enjeux de mobilité sur le domaine universitaire ont plusieurs facettes © Julie Bruhier

La gestion des transports est un sujet prépondérant pour les métropoles. Que ce soit en période estivale ou de crise sanitaire, des questions se posent sur l’utilisation des transports en commun jusqu’au trafic aérien. Résoudre l’inadéquation entre l’offre de moyens de transports et la demande des usagers : tout est l’enjeu de la mobilité. Les villes ne sont pas extensibles et l’impact environnemental est conséquent. Par sa localisation au cœur de la métropole, le domaine universitaire (université de Bordeaux, Bordeaux INP, Sciences Po…) est un cas d’école qui intéresse la Chaire mobilité et transports intelligents1 (MTI) soutenue par Bordeaux INP, l’université de Bordeaux et la Fondation Bordeaux Université, dirigée par Mohamed Mosbah, chercheur spécialiste du numérique au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (LabriCNRS, Bordeaux INP et université de Bordeaux).

Le campus constitue une micro-cité avec des déplacements quotidiens sur 235 hectares, répartis sur les communes de Pessac, Talence et Gradignan, pour 60 000 étudiantes et étudiants et 10 000 personnels. Aujourd’hui, le transport représente un quart des émissions polluantes du domaine universitaire. Structures de régulation de la circulation (feux, ronds-points…), taille des espaces mais également véhicules, transports en commun, modes actifs comme les vélos, les trottinettes et les piétons, camions, engins de chantier : la liste d’éléments de mobilité est longue ! Une aubaine pour les scientifiques qui souhaitent trouver des résultats permettant d’alléger un trafic toujours plus effervescent et assurer la sécurité des piétons et des conducteurs de véhicules.

@volpeimages

L’une des questions à laquelle nous allons bientôt répondre, c’est de savoir si le campus est une zone de transit, en particulier pour éviter la rocade qui est encombrée aux heures de pointes. En modélisant le nombre de voitures qui entrent et qui sortent selon les horaires, nous commençons à avoir une idée pour cette première question

Mohamed Mosbah, chercheur spécialiste du numérique au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (Labri) @volpeimages

27 capteurs installés aux entrées et sorties routières du campus

Les outils numériques, tant pour la collecte, que pour l’étude et l’exploitation des données, deviennent l’élément central des « nouvelles mobilités ». Ces nouveaux modes de déplacements sont soutenus par le projet Smartmob, porté par la Chaire mobilité et transports intelligents, qui a pour objectif principal de s’intéresser à ces outils pour anticiper les mobilités de demain. « En tant que spécialiste du numérique, j’ai vite cerné les solutions aux futures mobilités passent par la mise en place d’un centre d’expertise interdisciplinaire avec les sciences sociales et juridiques » explique le chercheur. Pour mettre en place des solutions concrètes, la première étape est de comprendre les déplacements au sein du domaine universitaire. Une véritable cartographie prenant en compte la réalité de la mobilité actuelle permet de représenter les différents flux de mobilité. Cet état des lieux implique la création d’une banque de données diverses. « Or ces données n’existent pas encore ! C’est là l'un des enjeux du projet Datacampus qui vise à construire un ensemble de jeux de données, qui se veut ouvert à toutes et tous. Il permettra d’analyser des flux de mobilités routières du campus en identifiant notamment les types de véhicules et en repérant les voies les plus fréquentées en comptant le nombre de véhicules selon les horaires » expose Mohamed Mosbah.

27 capteurs ont été placés aux entrées et sorties routières du domaine universitaire ©université de Bordeaux
27 capteurs ont été placés aux entrées et sorties routières du domaine universitaire ©université de Bordeaux

Les scientifiques ont placé, en octobre 2022, un ensemble de 27 capteurs de comptage sur toutes les entrées et sorties des différentes voiries du campus qui constitue alors un véritable laboratoire à ciel ouvert. Ces renseignements intéressent de nombreux acteurs du territoire : les scientifiques menant leurs recherches mais également les services de l’université comme la Direction de l’aménagement urbain (services de voirie et de maintenance…) et Bordeaux Métropole. En plaçant des capteurs au sein même du campus au niveau des ronds-points et des carrefours, les scientifiques pourront aller jusqu’à comprendre en détails les mouvements des différents usagers du campus. Est-ce que les étudiants et le personnel se déplacent plutôt en voiture ou à vélo à l’intérieur du campus ? Sur quels axes routiers ? A quels moments ?

Les données de mobilité comme « or vert » pédagogique

La banque de données répond également à des besoins en enseignement, pour les équipes pédagogiques en master et école d’ingénieur, afin d’alimenter des projets étudiants dans les cours de traitement de données avancées. « C’est une opportunité pour sensibiliser et impliquer les élèves sur les problématiques de mobilité. En s’appropriant ces informations de proximité, il leur est plus facile de faire émerger des nouveaux questionnements, de les faire participer. Et peut-être même leur faire changer leurs pratiques et les faire devenir acteurs et actrices de leur campus. »

Les preuves de concepts se font notamment avec des prototypes de véhicules connectés, comme le montre cet exemple de convoi de véhicules.

Ce sont justement des étudiantes et étudiants qui ont été impliqués dans l’étude sur la surcharge du tram B pouvant être l’origine de retards en cours le matin. La question était simple mais d’un enjeu crucial : comment alléger la pression sur le tram B aux heures d’hyper pointes, en sachant qu’ajouter des trams n’est pas une solution envisageable ? L’aménagement des emplois du temps pour faire différer les arrivées en cours est une hypothèse qui semble logique mais qui doit être prouvée pour proposer des solutions raisonnables pour les services de scolarité. Le numérique est utilisé pour faire des simulations selon des données (taille des groupes, emplois du temps, fréquence des trams…) : il faut déterminer un décalage minimum de temps pour une diminution significative sur la pression des transports.

Soutien et contexte du projet Datacampus

A l’initiative de la Chaire MTI, datacampus est soutenu par la Direction de l’aménagement urbain de l’université, du dispositif ACT et le Service inter-établissements de gestion du domaine universitaire (SIGDU). Ce projet a été lancé début octobre 2022 sur la zone d’expérimentation en matière de mobilités innovantes et durables sur le campus de Talence-Pessac-Gradignan. Les différents travaux de recherche, permettront d’alimenter d’autres dispositifs mis en place sur le campus (Dispositif Augmented university for Campus and world Transition (ACT), jumeaux numériques, plan de mobilité intercampus, réseau R3 MOB…) et d’élaborer un travail en commun au service de l’amélioration des transports et de la transition écologique.

Pour en savoir plus sur la Chaire

Contact

  • Mohamed Mosbah

    Chercheur au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (Labri)

    mohamed.mosbah%40u-bordeaux.fr