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Mise à jour le : 25/03/2024
Hélène Labarre a étudié la psychologie sociale de l’environnement au sein de l’université de Bordeaux avant d’y mener, en post-doctorat, un projet de recherche qui a donné un coup de pouce à la future généralisation du tri des déchets sur tous les campus.
Ses parents l’auraient bien vue ingénieure paysagiste - un métier « concret », avec des débouchés, pensaient-ils -, mais elle a préféré la psychologie ! « Avec l’idée, comme tous les étudiants qui s’inscrivent en première année, de devenir psy », se souvient Hélène Labarre, dix ans plus tard. Après sa licence, la jeune femme s’inscrit en Master de psychologie sociale, « une branche assez méconnue, qui s’intéresse à l’étude de l’influence du contexte, notamment social, sur les processus cognitifs, les états émotionnels et les comportements des individus, au-delà de leur personnalité ». Elle détaille, à titre d’exemple : « Si j’entre dans un ascenseur où tous les passagers sont tournés dans le même sens, je vais probablement en faire autant. » Influence inconsciente d'une situation, de la présence d’autrui, de tel message affiché sur son parcours, qu’on retient sans même s’en rendre compte… C’est très logiquement que la discipline a beaucoup inspiré le neuro-marketing.
Mais Hélène a de toutes autres aspirations. Sous la houlette d’une de ses professeurs, Marie-Line Felonneau, elle découvre le monde de la recherche en se penchant, à sa demande, sur le sujet des incivilités numériques au travail. C’est encore Marie-Line Felonneau qui aiguise son intérêt pour la psychologie sociale de l’environnement, une discipline qui se penche notamment sur les ressorts du changement de comportement : « Faut-il essayer de changer les éléments du contexte ? Activer les émotions chez les gens ? Emprunter le chemin de la hiérarchie pour amener le changement dans le milieu professionnel ? Déployer une communication incitative ? ». Hélène se lance dans un Master 2 Ingénierie et recherche psycho-sociale (IRPS) et mène de front les deux options, recherche et professionnelle, entre lesquelles les étudiants normalement choisissent. Dur. « Je ne le regrette pas, mais je ne le conseille pas forcément non plus ! »
Arrive le temps de la thèse « sur les effets de menace environnementale, plus précisément le processus de justification du système, qui est ce qu’on appelle un processus de rationalisation ». Une thèse non financée, ce qui contraint Hélène à travailler à côté comme chargée de TD à l’université et prof particulier de mathématiques et français. Et une « thèse Covid » dont le sujet, par la force des choses, a beaucoup évolué au fil des quatre ans qu’elle a duré jusqu’à sa soutenance, en juillet 2022. Le sujet de son post-doctorat lui parvient quelques mois auparavant sous l’impulsion d’Olivier Bargain, alors directeur du département de recherche ECOr (Évaluation, comportements et organisations). Il vient en effet d'être sollicité par la Direction des services aux occupants du Pôle patrimoine et environnement (PPE) de l'université, qui souhaite collaborer avec des chercheurs, sur un projet qu’Hélène rebaptisera plus tard « Victoire du tri » : il consiste à mettre en place des bacs de tri sélectif des déchets sur le campus Victoire pour en faire un site pilote en vue d’une optimisation des comportements de tri, et d'une généralisation future à l’échelle de toute l’université de Bordeaux.
Le projet est monté avec la complicité du Pôle patrimoine et environnement de l'université, du Laboratoire de psychologie et de la Bordeaux School of Economics, cofinancé par le programme ACT et l’ADEME ; un « projet extrêmement stimulant intellectuellement, car il consistait en une véritable page blanche, un vrai terrain de jeu expérimental », se souvient Hélène, d'autant plus bouleversée qu'elle reçoit le feu vert du financement trois jours avant sa soutenance de thèse !
Le projet se concrétise par quatre études imaginées autour de l’installation de 70 bacs de tri sur tout le campus Victoire, dans un environnement contraint, avec des normes de sécurité très strictes à respecter sur ce site historique en plein cœur de Bordeaux. Les bio-déchets et le verre n’y trouvent pas leur place, et le projet oblige à revoir tout le système de gestion des déchets par les deux équipes, interne et externe, qui en ont la charge. « Bien plus compliqué que prévu, surtout avec la fermeture du campus en mars 2023 pendant son occupation contre la réforme des retraites. »
Hélène décide de placer sur ces kiosques de tri des « informations visuelles pertinentes, c’est-à-dire des photos des différents types de déchets qu’on trouve sur la Victoire ». La voilà plongée, avec des gants jusqu’aux coudes, dans les bacs de déchets afin de les caractériser et de les prendre en photo pour imaginer ensuite les messages les plus à même d’inciter les usagers au tri et de limiter leurs erreurs. « Dans les premières études, on a constaté que les principales incitations provenaient du sentiment d’auto-efficacité – je me sens capable, je suis suffisamment informé(e) pour trier correctement – et de ce qu’on appelle l’attitude vis-à-vis du tri sélectif – je juge le tri de façon positive, je ne trouve pas ça désagréable. On a appuyé sur le sentiment d’efficacité, en mettant des photos très claires des déchets pouvant être triés, et sur l’attitude en mettant en avant le gain perçu, c'est-à-dire une information sur le devenir du déchet après son recyclage. »
Deux étudiantes sont recrutées pour donner un coup de main dans l’évaluation du poids et du nombre de déchets pendant les trois semaines de l’expérimentation, « Marie-Caroline et Quitterie – qui-trie, elle n’a pas échappé à la blague », sourit Hélène, reconnaissante de cette aide précieuse. Conclusion ? « Dans les grandes lignes, ça a plutôt bien marché ! Pas tellement sur les quantités de déchets triés - les gens n’ont pas trié plus -, en revanche, on a bien réduit les erreurs de tri, en particulier sur les flux plastique et métal, un peu moins bien sur les flux papier-carton. » Hélène a collecté des données extrêmement intéressantes : elle a pu constater qu’un message trop complexe, indiquant par exemple l’équivalence du recyclage (tant de bouteilles recyclées permettent la fabrication de tel objet), une donnée qu’on pourrait croire incitative, entraîne chez l’usager une surcharge d’informations qui s’avère contre-productive : trop compliqué, on laisse tomber !
Au-delà des résultats « de niche » issus de ce projet, la « Victoire du tri » a permis d’amorcer un projet immensément plus vaste, et extrêmement coûteux, au sein de l’université de Bordeaux : le déploiement du tri généralisé sur tous les campus. Le Pôle Patrimoine et Environnement de l'université, conforté par la preuve d’une vraie volonté des communautés universitaires de trier leurs déchets, et du maillage possible avec des projets de recherche, a décroché pour ce faire un financement du COMP, le Contrat d’objectifs, de moyens et de performance - un contrat noué entre l’État et un établissement qui permet, sous contrôle de performance, d’apporter un complément de financement fléché sur des priorités stratégiques.
Hélène observera ce déploiement avec intérêt, bien sûr, mais de l’extérieur : à peine achevé son contrat de post-doctorat au sein de l’université, elle vient d’être embauchée en qualité d’ingénieure d'étude et de recherche au sein de la société Eco CO2, spécialiste du conseil et de la formation en transition écologique, dont une antenne est située à Bordeaux. « Je garde quand même un pied dans le monde universitaire, pour des projets en cours et à venir », a-t-elle posté récemment sur son compte LinkedIn. « J'ai adoré mes années de recherche à l'Université de Bordeaux, et riche de toutes les compétences acquises (un grand merci à mes collègues et aux enseignants de l'UB), j'espère continuer à appliquer les sciences comportementales à la cause environnementale. »
On a appuyé sur ce qu'on appelle, en psychologie, le sentiment d’auto-efficacité, en mettant des photos très claires des déchets pouvant être triés, ce qui a permis de réduire les erreurs.
Expérimentation «Victoire du tri»
helene.labarre%40u-bordeaux.fr