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Mise à jour le : 14/06/2022
L'Institut universitaire de France (IUF) récompense les enseignantes-chercheuses Aurélie Bugeau et Élise Goujard ainsi que leurs collègues masculins Hervé Bouy, Alexandre Baron, Pierre Dechambenoit et Romain Delès en les nommant membres pour cinq ans.
Créé en 1991, l’Institut universitaire de France (IUF) a pour objectif de donner « l’oxygène » cognitif aux enseignants-chercheurs qu’il récompense pour leur créativité, leur rigueur scientifique et leur prise de risque interdisciplinaire.
Nommés pour une durée de cinq ans, les lauréats sont sélectionnés par un jury international et bénéficient d’une décharge d’enseignement à hauteur de deux tiers de leurs charges d’enseignement, d’une prime et d’une dotation budgétaire.
La mission de l’IUF est de favoriser le développement de la recherche de haut niveau dans les universités et de renforcer l’interdisciplinarité, en poursuivant trois objectifs :
Par arrêté de la Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche en date du 26 mai 2022, sont nommés membres de l'Institut universitaire de France à compter du 1er octobre 2022, pour une durée de 5 ans, les enseignants-chercheurs de l'université :
Membres junior
- au titre de la chaire Innovation : Aurélie Bugeau - au titre de la chaire fondamentale : Alexandre Baron, Pierre Dechambenoit, Romain Delès et Élise Goujard
Membre senior au titre de la chaire fondamentale : Hervé Bouy
Aurélie Bugeau est professeure des universités en informatique à l’université de Bordeaux, rattachée au Laboratoire bordelais de recherche en informatique (LABRI – Bordeaux INP, CNRS et université de Bordeaux). Depuis son arrivée à Bordeaux en 2010, ses recherches portent sur le traitement de données et l’intelligence artificielle, avec comme principale application la restauration d’images et de vidéos d’archives. En lien avec ses travaux de recherche, elle a piloté la création du Master Erasmus Mundus Image Processing and Computer Vision. Depuis 2020, elle est membre du GdS CNRS EcoInfo et s’est engagée auprès de l’université pour la transition environnementale et sociétale.
Dans son projet IUF, elle propose de développer de nouvelles méthodes de restauration d’images interactives en collaboration avec des conservateurs d'œuvres d'art et des documentalistes. Elle approfondira par ailleurs ses travaux récemment initiés dans le domaine de la modélisation de l'impact environnemental des usages du numérique et en particulier de l’IA.
La délégation à l’IUF va me donner le temps nécessaire pour la poursuite de ces deux thématiques de recherche. En particulier elle va me permettre de me plonger dans des aspects plus prospectifs de la transition numérique, et de participer au développement de nouveaux modèles soutenables avec mes collaboratrices et collaborateurs.
Alexandre Baron est maître de conférences à l’université de Bordeaux en physique, affecté au Centre de Recherche Paul Pascal (CRPP, CNRS et université de Bordeaux). Membre de l’équipe META, il a contribué aux domaines de la nanophotonique, de l’optique non-linéaire, des cristaux photoniques et de la plasmonique. Plus récemment, son activité s'est concentrée sur les métamatériaux qui sont des matériaux artificiels aux propriétés optiques extraordinaires. Ces matériaux héritent leurs propriétés des détails de la nanostructuration des briques de bases qui les composent plutôt que de leur nature chimique. Parmi les réalisations emblématiques des métamatériaux, on peut citer la chape d’invisibilité, les lentilles parfaites ou encore les absorbeurs parfaits de lumière.
Son projet pour l’IUF propose de concevoir et de produire de telles briques, aux propriétés d’absorption et de diffusion de la lumière contrôlées, qui permettront de réaliser des métamatériaux. Elles seront fabriquées grâce à des techniques d’auto-assemblage issues de la physico-chimie de la matière molle et de la nanochimie.
Cette nouvelle génération de systèmes pourrait se présenter sous la forme d'encres utilisables pour former des matériaux pour une grande variété d'applications telles que le refroidissement radiatif passif, le contrôle spatial et temporel de la lumière avec des composants très compacts ou encore la réalisation de dispositifs à faible puissance de commande pour les technologies des lasers.
Pierre Dechambenoit est maître de conférences en chimie au département Hygiène, Sécurité, Environnement de l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Bordeaux. Il mène ses recherches au Centre de Recherche Paul Pascal (CRPP, CNRS et université de Bordeaux) sur la conception raisonnée de matériaux moléculaires magnétiques par une approche électrochimique (redox). Il s’intéresse tout particulièrement aux facteurs fondamentaux qui régissent les interactions magnétiques entre composants moléculaires afin de mieux pouvoir les exploiter et les optimiser (synergie).
Son projet IUF s’inscrit dans la continuité de ces travaux, et visera à promouvoir de fortes délocalisations de la densité électronique et de spin au sein d’architectures métallo-organiques, afin d’exalter certaines propriétés (conductivité, magnétisme, optique), avec de probables interactions et interdépendances.
Cette nomination à l’IUF est un grand honneur et une opportunité unique de pouvoir me consacrer plus efficacement et sereinement à ma passion pour la recherche dans un contexte particulièrement compétitif et stimulant.
Romain Delès est maître de conférences en sociologie à l’université de Bordeaux à l’École supérieure de professorat et de l'éducation d'Aquitaine (INSPE), et chercheur au Centre Émile Durkheim (Sciences Po Bordeaux, CNRS et université de Bordeaux). Après une thèse sur l’entrée dans l’emploi des diplômés, il oriente ses recherches vers la comparaison internationale des systèmes d’enseignement supérieur puis vers l’étude des inégalités scolaires.
Son projet IUF a pour titre « L’implication des parents dans la scolarité des enfants, une comparaison Espagne, France, Suède ». L’objectif est d’identifier l’effet des différentes configurations familiales nationales dans la constitution des inégalités scolaires. En particulier, la littérature existante sur le sujet semble indiquer l’existence d’un effet positif de l’implication des pères dans la réussite scolaire des élèves. Les trois pays étudiés présentent des équilibres mères/pères très contrastés en termes de soin aux enfants et de partage parental et leur comparaison permet alors de tester cette hypothèse. Ce travail reposera sur l’exploitation de bases de données internationales d’emploi du temps des ménages ainsi que sur des observations et entretiens auprès des familles.
Élise Goujard est maîtresse de conférences en mathématiques à l’université de Bordeaux, rattachée à l’Institut de Mathématiques de Bordeaux (IMB - CNRS et université de Bordeaux). Ses travaux en géométrie portent sur les surfaces plates, plus particulièrement sur des problèmes de comptage sur de telles surfaces ou leurs espaces de modules.
Son projet d’IUF explore de nouveaux problèmes de dynamique et de géométrie des espaces de modules de différentielles (qui correspondent aux surfaces plates), et leur interaction avec la combinatoire, la géométrie énumérative, la géométrie complexe et hyperbolique.
Le fondement du projet est le calcul d’invariants géométriques de ces espaces comme les volumes de Masur-Veech et les constantes de Siegel-Veech, dans des régimes asymptotiques, comme par exemple lorsque le genre des surfaces tend vers l’infini.
Ces calculs ont des applications directes à la dynamique des billards polygonaux rationnels par exemple.
Hervé Bouy est professeur d'astrophysique à l’université de Bordeaux, rattaché au Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB - CNRS et université de Bordeaux). Après un parcours très international (il a travaillé dans 9 instituts répartis sur 4 continents) il a rejoint l'université avec une bourse ERC Consolidator en 2016. La nomination a l'IUF va lui permettre de poursuivre ses études observationnelles sur la formation des étoiles et des planètes.
L'histoire de la formation stellaire pourrait être le scénario d'une pièce de théâtre, dans laquelle chaque acte raconterait l'histoire des générations successives, en commençant par les nuages et cœurs moléculaires (scène d'introduction), suivis des proto-étoiles (1er acte), puis des objets stellaires jeunes (2e acte) et enfin des étoiles de la (pré-)séquence principale (acte final). Chaque acte (génération) est composé de plusieurs scènes impliquant des personnages ou évènements secondaires (champ magnétique, potentiel gravitationnel galactique, rencontres rapprochées, supernovae,…) contribuant à une intrigue très riche aboutissant au dénouement suivant : des milliards de systèmes planétaires circulant dans la galaxie et développant éventuellement la vie. Au cours de la délégation IUF, Hervé Bouy se concentrera sur les 2 premiers "actes" de ce drame cosmique pour étudier les relations entre les conditions initiales dans les nuages moléculaires et les produits finaux de la formation stellaire et planétaire dans une région de formation située dans les constellations du Scorpion et d'Ophiuchus.
Je suis vraiment très reconnaissant envers l'IUF. Devenir membre est une opportunité unique de poursuivre mes recherches dans des conditions idéales. J'espère que les 5 années à venir seront très riches en découvertes et en résultats importants!