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Mise à jour le : 28/06/2022
De la Renaissance au XXIe siècle, l’université de Bordeaux est riche d’une histoire singulière jalonnée d’évènements sociétaux et de réformes. Elle est aujourd’hui l’une des plus influentes en France et en Europe.
L’université de Bordeaux a été fondée par le Pape Eugène IV le 7 juin 1441 sous l’impulsion de Pey Berland, archevêque de Bordeaux (1430 -1456). Alors que la ville est sous domination anglaise, l’université de Bordeaux qui compte quatre facultés (art, médecine, droit et théologie) permet aux étudiants du duché d’Aquitaine de pouvoir se former. Lorsque Bordeaux revient dans le giron du royaume de France en 1453 à la fin de la Guerre de Cent ans, l’université passe sous pouvoir royal mais peine à trouver sa place. De nombreux étudiants bordelais, à l’instar du fameux Michel de Montaigne suivent désormais les cours de l’université de Toulouse ou de Montpellier plus prestigieuses…
En réaction, d’autres institutions d’enseignement sont créés à Bordeaux, comme le Collège de Guyenne ou l’Académie des sciences, belles lettres et arts de Bordeaux. En 1793, l’université de Bordeaux disparait comme toutes les universités françaises suite à une décision de la Convention (Parlement qui gouverne la France de septembre 1792 à octobre 1795 lors de la Révolution française ndlr) qui voit dans ces corporations un reliquat de l’Ancien Régime. Napoléon Bonaparte rétablit le concept l’université en 1806. A Bordeaux, la faculté de théologie est recréée en 1808 puis celles de lettres et de sciences en 1838.
Sous le Second Empire, les édiles n’ont de cesse que de montrer la place qu’elles accordent au savoir. L’épisode de la Commune à peine passé, de 1871 à 1872, la faculté de droit, se dresse place Pey Berland ; en 1878 un observatoire est construit à Floirac. Entre 1881 et 1886, les facultés de sciences, de lettres mais aussi de médecine et de pharmacie sortent de terre. Le savoir est désormais matérialisé par de belles façades de pierre dans la ville. Le « palais des facultés » qui rassemblait la faculté de lettres et celle des sciences (actuel Musée d’Aquitaine) fut inauguré le 16 janvier 1886.
La loi du 18 juillet 1896, impulsée par un ancien professeur de la faculté des lettres de Bordeaux, Louis Liard, constitue l’université de Bordeaux avec ses quatre facultés : lettres, droit, sciences, médecine et pharmacie. Les facultés se développent et sont dirigées par un doyen nommé par le ministre ainsi que par un conseil de faculté composé des professeurs titulaires uniquement. Les autres enseignants et étudiants peuvent s’exprimer mais leur influence reste limitée. En 1898, la faculté de médecine et de pharmacie ouvre ses locaux place d’Aquitaine, future place de la Victoire.
Au milieu du XX siècle, l’université compte 8000 étudiants, ce qui la situe au deuxième rang des universités françaises derrière Paris. Ils sont répartis entre les facultés de droit (29 %), médecine (28 %), lettres (23 %) et sciences (15 %). Au début des années 1960 les effectifs d’étudiants sont à 13 000 et à la veille de 1968 25 000. Le nombre d’enseignants augmente lui aussi de manière spectaculaire.
Face à ces transformations, les locaux deviennent trop petits et la plupart des facultés déménagent vers un nouveau campus, le plus grand de France: le domaine universitaire de Talence-Pessac-Gradignan. Alors que les facultés de médecine et de pharmacie restent à Bordeaux en s’étendant sur le site de Carreire, la faculté des sciences s’installe en 1960, celle de droit en 1966 et 67 et les lettres en 1971.
C’est dans ce contexte qu’éclatent les évènements de mai 68. Ces manifestations provoquent une réforme importante censée faire des universités de véritables établissements autonomes et pluridisciplinaires. En découle la fameuse loi d'orientation de l'enseignement supérieur du 12 novembre 1968, dite « loi Edgar Faure » alors ministre de l’éducation nationale qui crée des établissements d'un type nouveau : « les établissements publics à caractère scientifique et culturel » (EPCS). Les anciennes facultés disparaissent et sont remplacées par des unités d'enseignement et de recherche (UER).
En savoir + sur l'histoire des campus
Les grands principes mis en œuvre par cette loi sont l'autonomie, la participation et la pluridisciplinarité. L’université de Bordeaux se divise alors progressivement et donne naissance dans un premier temps à trois nouveaux établissements : Bordeaux 1 (droit, économie et sciences), Bordeaux 2 (sciences de la vie, sciences de l’homme, sciences de la santé), et Bordeaux 3 Michel de Montaigne (lettres et sciences humaines).
Ce n’est qu’en 1995 que l’université Bordeaux 1 se scinde en deux: d’un côté les sciences et technologies (Bordeaux 1) et de l’autre le droit, les sciences sociales et politiques et les sciences économiques et de gestion se regroupent sous l'appellation université Bordeaux IV Montesquieu.
Dès 1997, le rapprochement des universités bordelaises est amorcé avec la création du Pôle universitaire de Bordeaux. La signature en 2004 de la « charte fondatrice de l’université de Bordeaux » se traduit 3 ans plus tard par la création du Pôle de recherche et d'enseignement supérieur (PRES) Université de Bordeaux au sein duquel siègent également les instituts et écoles du site. L’ambition de cet EPCS est d’accroître la lisibilité et l’attractivité de l’espace de l’enseignement supérieur et de la recherche bordelaise au plan national, européen et international, tout en favorisant la réussite et l’insertion professionnelle des étudiants.
Très vite les membres fondateurs (Université Bordeaux 1, Université Bordeaux Segalen, Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, Université Montesquieu Bordeaux IV, Institut Polytechnique de Bordeaux, Bordeaux Sciences Agro, Sciences Po Bordeaux) s’accordent sur leur volonté de créer à Bordeaux un « nouveau modèle d’université ». Le succès du projet bordelais à l’appel d’offre Opération Campus (475 millions d’euros de dotations alloués par l’Etat en 2009), renforce la nécessité d’aller plus loin dans les modalités de leur rapprochement.
En 2009 l’Institut des sciences de la vigne et du vin, composante dérogatoire de l’université de Bordeaux ouvre ses portes.
Héritier d’une longue histoire, celle de l’école bordelaise d’œnologie, l’ISVV fédère les équipes d’enseignement supérieur et de recherche travaillant dans le domaine de la vigne et du vin en Nouvelle-Aquitaine.
Ce pôle pluridisciplinaire est une référence mondiale pour la filière vitivinicole aussi bien en matière de formation que sur le plan de la recherche scientifique.
Fin 2010, trois des quatre universités bordelaises (Bordeaux 1, Bordeaux Segalen, Montesquieu Bordeaux IV), ainsi que Sciences Po Bordeaux et l’Institut Polytechnique de Bordeaux s’engagent dans un processus de création d’un établissement unique, la « nouvelle université de Bordeaux » en cosignant un « projet stratégique commun ».
Le chantier de fusion démarre en 2011, alors que l’université de Bordeaux est lauréate de nombreux programmes des Investissements d'Avenir dès la première vague.
Au bout d’un an de chantier fin 2012, les deux écoles choisissent de ne pas aller jusqu’au bout du processus de fusion, tout en réaffirmant leur volonté de trouver une place dans le contexte de la politique du site universitaire bordelais.
Créée par décret le 3 septembre 2013, l’université de Bordeaux naît officiellement le 1er janvier 2014. Manuel Tunon de Lara, professeur de pneumologie devient le premier président de l’université fusionnée. Il est réélu à la tête de l’établissement en 2018.
L’université Bordeaux 3 reste autonome et se renomme Université Bordeaux Montaigne.
2016 est une année importante pour l’université de Bordeaux qui est définitivement confirmée comme université d’excellence par le jury international et reçoit en dotation 700 millions d’euros pour soutenir sa trajectoire de développement.
En 2019 l’université de Bordeaux devient propriétaire de son patrimoine immobilier. Cet évènement marque le franchissement d’une nouvelle étape dans l’autonomie des universités, non seulement pour des raisons économiques mais surtout car cela renforce la construction de l’identité de l’université de Bordeaux et sa place dans la société.
Au cours des dernières années la position de l’université de Bordeaux s’est consolidée dans un contexte de fort dynamisme international. Les bases sont posées et l’université de Bordeaux continue sa projection d’institution anticipatrice.
Dean Lewis, professeur d’électronique a été élu président de l’université de Bordeaux en février 2022.